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Mot de la rédaction

Écho boréal | Printemps 2020

AGM in Huntsville

Des moments plus heureux ! L’auteur est photographié ici avec Pat Haramis et Mike Matthews lors de la 128e Assemblée générale annuelle de l’Association des arpenteurs-géomètres de l’Ontario, tenue à Huntsville le 27 février dernier.

Comment entretenez-vous votre propre compagnie ?

Je ne fais pas allusion à l'entreprise pour laquelle vous travaillez, ni à la société dont vous êtes le propriétaire. Je vous pose cette question au sens littéral : comment gérez-vous votre temps personnel ? Prévoyez-vous des moments de solitude ou êtes-vous constamment à la recherche de tâches pour améliorer vos connaissances ou pour vous tenir occupé et engagé ? Peut-être qu’une combinaison de temps libres et d’actions productives représente la formule appropriée pour vous. De nos jours, nous réfléchissons tous à ce problème.

Je me souviens des années 1990, alors que les stations totales robotisées et les GPS ont été introduits dans notre industrie, et comment ces instruments ont transformé la dynamique de travail. Outre les gains de productivité, d’autres facteurs humains se sont manifestés. Ceux d’entre vous qui suivent ma rubrique depuis le lancement de notre bulletin géospatial sont conscients que c’est l’élément humain de nos actions qui me fascine le plus. Suite à des conversations entretenues à travers l’Ontario avec de nombreux chefs d’équipe environ un an après leur adoption de cette nouvelle technologie, nous avions noté l’apparition d’un sentiment intéressant : beaucoup d’entre eux se sentaient seuls. Travaillant désormais de manière individuelle, il n’y avait plus personne avec qui prendre un café en route vers le chantier, avec qui jouer aux cartes à l’heure du dîner ou en attendant la fin d’un orage, ou encore avec qui partager sa frustration face à une autre défaite du Canadien aux dépens des Bruins.

Mes souvenirs les plus agréables des journées passées sur le terrain sont sans aucun doute les liens d’amitié que j’ai formés. Ceux-ci sont nés de la collaboration requise pour résoudre un problème ou une impasse relative aux mesures sur le terrain. Accumulez ces défis et ils créent rapidement une confiance réciproque, laquelle se transforme à son tour en amitié. Le mois dernier, j’ai renoué avec un ancien collègue avec qui j’ai travaillé plusieurs années dans la forêt du comté de Dufferin. Ce contact sur LinkedIn m'a rappelé une multitude de bons souvenirs.

Mais je m’écarte du sujet…

La dynamique d’équipe qui s’est ensuite développée au cours des années 1990 était tout aussi révélatrice. Certaines compagnies qui étaient passées d’équipes de trois personnes à une seule optaient maintenant pour un retour à des équipes composées de deux individus. La nouvelle technologie assurait un usage très efficace d’une main-d'œuvre à deux. Les facteurs de sécurité, la collaboration et la rétention des employés devenaient tous partie intégrante de cette nouvelle formule gagnante. De nos jours, une équipe de deux employés exécute un levé topographique avec une personne s’occupant du levé des surfaces dures (bordures de chaussée, caniveaux, axes routiers) à l’aide d’un instrument robotisé, pendant que l’autre recueille les données de terrain originales à l’aide d’un GPS ou d’un drone. Pour les levés traditionnels (retraçage de frontières, levés cadastraux, jalonnement de bâtiments et lotissements), l’équipement GPS et robotisé est manipulé par un individu pendant que l’autre plante des piquets, parle avec les clients, mène des activités de reconnaissance, puis étudie d’innombrables données, plans et notes. La plupart des compagnies opèrent aujourd’hui en jumelant des équipes de terrain comprenant une et deux personnes. Elles peuvent ainsi rapidement réagir face aux demandes de clients et aux environnements de travail en constante évolution. En bref, les entreprises sont devenues flexibles. Une journée, une semaine ou un mois de travail ne sont plus compromis dans l’éventualité où un employé s’absente en raison d’une maladie, ou encore si une pandémie mondiale résulte en un personnel réduit afin de garder l’entreprise opérationnelle. Au besoin, une seule personne peut exécuter la totalité du travail.

C’est avec un long soupir que je suis forcé d’admettre que les rencontres sur FaceTime, Zoom et Skype devront suffire pour le moment. Les instruments que nous utilisons pour l’arpentage et leurs caractéristiques inhérentes favorisant la distanciation sociale assureront également le maintien de cette productivité. Néanmoins, nous sommes des êtres sociaux manipulant des robots, et non l’inverse, n’est-ce pas ? J’ai personnellement hâte à la première poignée de main, à la prochaine bière au bar et au partage d’anecdotes sans la disparition de mon auditoire lorsque la batterie de mon téléphone s’épuise. Restez en santé, en sécurité et à l’écart des autres… du moins pour l’instant.

Pat Hills
Directeur du marketing technique, Division géospatiale
Cansel