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Quel sera l'avenir du SCRS au Canada suite au remplacement par les États-Unis du système de référence NAD83 au profit du NATRF2022 ?

Écho boréal | Printemps 2020

Face à la diversité des capteurs et méthodologies disponibles pour la collecte de données géospatiales, il s'avère impératif pour les professionnels de la géomatique de connaître en profondeur les systèmes de référence spatiale existants qui relèvent de leur territoire. Ils doivent également disposer des logiciels et outils appropriés pour gérer ces systèmes de coordonnées de manière adéquate et efficace.

La gouvernance des cadres de référence au Canada est assumée à la fois aux niveaux fédéral et provincial (ainsi que territorial). La définition du système de référence s’effectue au niveau fédéral par l’entremise des Levés géodésiques du Canada (LGC). C’est cependant le gouvernement provincial qui est responsable de l’adoption du cadre de référence. Ce modèle de gouvernance a entraîné une situation où les provinces utilisent actuellement différentes époques du système NAD83 (SCRS). Consultez la figure 1 pour voir les époques adoptées dans chacune des provinces canadiennes.

Figure 1 : Versions du système NAD83 (SCRS) adoptées au Canada en date de septembre 2019. L’année indique l’époque de référence associée aux coordonnées (figure tirée d’une publication par Erickson et coll. 2019)

À cette situation complexe s’ajoute le fait que les États-Unis migreront vers un nouveau cadre de référence modernisé en 2022. Dans le cadre de ce processus de modernisation, les États-Unis remplaceront leur système de référence NAD83 avec un nouveau cadre de référence terrestre nord-américain, le NATRF2022. Ce changement résultera en un écart des coordonnées horizontales de 1,3 à 1,5 mètre à la frontière Canada-États-Unis. Consultez la figure 2.

Figure 2 : Différences de coordonnées horizontales (gauche) et verticales (droite) approximatives entre les systèmes NAD83 et NATRF2022. Selon les figures originales du National Geodetic Survey (2019b) (figure tirée d’une publication par Erickson et coll. 2019)

Si l’on considère les raisons poussant les États-Unis à migrer vers le système NATRF2022, un argument convaincant justifierait la décision du Canada de suivre la même voie et d’adopter le NATRF2022. Cela engendrerait toutefois des enjeux majeurs, tels que les coûts et les efforts requis de la part des utilisateurs de données géospatiales à travers le pays. Un angle différent pour remédier à cette situation serait de créer des transformations entre les cadres canadien et américain. D’un point de vue technique, cette approche peut être gérée facilement, mais la gestion et la sensibilisation des utilisateurs en demeurent les défis principaux.

Une publication récente par Erickson et coll. 2019 résume les raisons expliquant la migration des États-Unis vers le système NATRF2022, ainsi que la réponse du Canada à ce changement.

Babak Amjadiparvar, P.Eng., Ph.D.
Chef de l'équipe géospatiale
Cansel